Folie, le lapin n'est pas loin...? [Libre é_è]

Anie lança un regard plein de douceur à sa petite sœur. Tentao connaissait ce regard. Elle était la seule à en bénéficier depuis toujours… Maintenant elle avait froid…

…

1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4.

Le rythme du temps s’était arrêté et avait subitement repris…

1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4.

Les cheveux d’or d’Anie
Tais-toi !
1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4.

Le métal froid sur sa tempe avant le coup de feu.

1, 2, 3, 1, 2, 3.

La main chaude d’Anie.
La ferme, la ferme !
1, 2, 3, 1, 2, 3.

Son corps glacé et le sang brûlant.
1, 2, 1, 2.

Le doux regard d’Anie, ses caresses, et le goût salé des larmes… Pax pleurait… Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas quand… Quand quoi ?... Ah oui, il faut marcher…
1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4
Pourquoi ce n’était pas un couloir d’ailleurs… ? C’est un couloir qu’il lui fallait. C’était mieux pour attraper quelqu’un. Un long couloir… Il ne finit que quand la course prend fin…

Le Lapin la fixe de ses yeux immensément sombres… Mais ça fait plus peur ça… non… ? Elle est arrivée… Elle a plus besoins de faire des choses horribles… C’était pas si terrible d’ailleurs… Pourquoi… ?

Pax serra les dents… quelque chose lui échappait… Quelque chose d’important mais dont il ne fallait surtout pas se rappeler.
...
Je t’aime... ma petite Tentao.
…
Elle avait envie de vomir… qui lui avait dit ça ?... beaucoup de gens ?... non… pas tant que ça… Anie ?... non… quelqu’un d’autre… La nausée s’intensifia comme pour la stopper dans sa réflexion. En marquer la limite.

Elle va le trouver. Ce joli Lapin blanc.

Les larmes coulaient encore. Et Pax se saisit brusquement le visage, le comprimant entre ses doigts comme pour en extraire toute pensée.
*Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! Je t’en pris ! Arrête de penser !*
Elle devait aller mieux maintenant ! Il fallait qu’elle arrête de penser… Il fallait arrêter de penser à Anie, ses beaux yeux… ! Pax releva la tête, les pupilles dilatées, fixant un point vide dans l’univers sombre qui l’entourait.

Il faut trouver le Lapin blanc ! Tu sais où il est ?

La jeune fille tourna mécaniquement la tête vers la droite, d'où venait la voix. Elle poussa un petit gémissement :

C’est… toi…
La charmante petite créature apparue devant ses yeux, riant. Pax avait déjà oublié Anie. Le Lapin lui avait fait oublier…

Cette scène aurait put paraître extrêmement singulière à n’importe quel observateur. Une jeune fille s’extasiant devant du vide… Mais il n’y avait pas d’observateur de toute façon.

Pax fit quelques pas en avant, le regard ahuri par tant de… beauté, tendant les bras vers son bienfaiteur adoré. Et des pendules apparurent soudainement tout autour d’eux. Non, d’elle, elle est seule… cliquetant en tout sens, sonnant l’heure du repas, l’heure du coucher… Elle pouvait voir le Lapin, elle avait oublié Anie. C’était tout ce qui comptait. Un air de démence apparut sur le visage de la jeune fille. Les larmes continuaient d’inonder ses joues brûlantes et Pax criait. Un cri mêlant haine, désespoir et une furieuse envie de rire. Elle était finalement arrivée dans ce rêve tant désiré. Et elle allait pouvoir y rester.

Les odeurs écœurantes des cadavres avaient disparues. Ses pas entamaient une démarche étrange, titubante, ressemblant presque à une dance.
*Ne plus penser… Ne plus penser…*
Pax se répétait machinalement ces mots. Et les pendules s’agitaient encore autour d’elle.

C’était donc ça son nouveau but… Oublier…

Pourvu que je ne l’attrape jamais…

*Ciel, Ciel, regarde comme c'est beau !*

La jeune Yokai allongeait sur l'herbe, exerça une pression sur ses yeux pendant une vingtaine de secondes puis les lâcha pour exercer son activité principal : la détente... Elle appréciait beaucoup ses quelques instants où aucun Émissaire ne la dérange pour quelconques raisons et profitait de "sa" mort. Hu Hu... Après une bonne dizaine de minute, la jeune fille finit par se lever pour marcher vers un endroit au hasard puis elle choisit : le terrier du lapin ou le point de départ des nouveaux habitants de ce monde. Aujourd'hui, Ciel s'était habillée -comme à son habitude- de façon excentrique, un haut de couleurs vert pomme qui ne couvrait que sa poitrine et son cou dont les bords des manches étaient couverte de dentelles ainsi qu'une sorte de longue jupe de couleurs blanches assez large. Donc, elle marcha une bonne dizaine de minutes avant d'y arriver en sautillant à la façon de l'habitant de ce terrier. Cela lui rappelait des souvenirs, pleins de souvenirs... La première fois qu'elle était venu ici, le lieu était bizarrement couvert d'un épais voile sombre qu'était la brume. Elle plongea sa main à l'intérieur de son haut et y sortie son objet fétiche : une montre à gousset argenté. Elle tenait plus que sa propre tombe si je puis dire... Bref, elle l'ouvrit, laissant échapper une douce mélodie dont elle n'y prêta guère attention, ce n'était pas l'heure de rêvasser, puis elle regarda l'heure.

*C'est l'heure.*

"C'est l'heure" ? Pourquoi ? ... Parce qu'apparemment le gentil lapin blanc était trop "occupé" pour je ne sais quelles trucs... Enfin bref ! Ciel regarda autour d'elle pour voir une quelconque présence non-humaine et là, au loin, une jeune fille. Alors c'était cette fille que le lapin voulait guider... Si elle se souvenait bien, son nom était Pax. Elle l'observa de loin, elle divaguait et sembler être la proie de la folie qu'entoure ce lieu. Ciel vit des larmes coulées sur ses joues, un souvenir... Surement. Puis soudain, elle commença à courir puis finit par reprendre son rythme normal, elle était bizarre... Bref, Ciel accourra vers elle sans être essouffler puis sourit en comprenant la situation de cette fille :

"On dirait que vous avez était prise au dépourvue, Mademoiselle Pax."

Elle soupira puis continua :

"Les ombres vous jouent des tours, on dirait..."

On dirait que vous avez été prise au dépourvue, Mademoiselle Pax.

Pax sortie violemment de sa torpeur et le Lapin disparu avec l’arrivée d’une étrange inconnue… Son cœur fit un bond exceptionnel dans sa poitrine et elle se mordit la lèvre afin de garder le contrôle d’elle-même…
Elle leva nonchalamment la tête vers les yeux de la jeune femme qui se tenait à mis hauteur de son visage. Les longs cheveux verts et la peau pâle, presque immaculé de l’inconnue ne fut pas ce qui bouleversa le plus la petite folle dingue aux cheveux ébouriffés. La jeune femme était certes très belle, mais Pax ressentit un frisson désagréable à sa vue… Elle ne lui avait pas adressé la parole de manière agressive. Mais elle semblait comprendre… Trop parfaitement comprendre la situation dans laquelle elle se trouvait ici… Remarque, cela n’avait pas vraiment d’importance en soi… Dans ce monde de rêve… Ce monde désincarné… Pax avait voulut venir ici…
Elle quitta un bref instant les yeux de la belle jeune femme et envoya rapidement son regard, le temps d’un clignement d’œil, vers la petite montre rouillée près de laquelle s’était tenu le Lapin… son Lapin… un instant auparavant…

Les ombres vous jouent des tours, on dirait...

Pax sursauta cette fois-ci ! Ses yeux évitèrent absolument ceux de la jeune femme et une teinte rougeâtre s’écoula lentement de sa lèvre inférieure et alla se fixer et s’étendre sur sa chemise blanche… Elle tenta de jeter un nouveau regard vers la petite montre, mais le Lapin avait bien disparu… son souffle s’accéléra. Ce n’était pas bon. *Je t’aime ma petite Tentao*. Elle recommençait à trop penser. *Fais de beaux rêves*. Elle se saisit de son bras droit et le serra avec une force incontrôlée. Elle releva la tête une troisième fois vers la jeune femme.

Haha… Son rire sonnait aussi faux que d’habitude mais Pax croisa les doigts pour qu’elle n’y prête pas attention… Je cherche quelqu’un… C’est pas vous… Je crois pas… Je veux un couloir qui ne finirait pas… Allez-vous-en.

Elle s’était efforcée du mieux qu’elle put d’articuler chacune de ses paroles. Elle n’avait pas peur de son interlocutrice, mais son bras la lançait de plus en plus et la douleur ne lui permettait pas de parler correctement… Ses pupilles vacillaient de droite à gauche tandis qu’elle posait sa question sans attendre une réponse. D’ailleurs, elle n’attendit pas une seconde. Elle s’apprêtait à s’en aller. Mais autre chose attira irrémédiablement son attention et tous ses muscles se crispèrent douloureusement.
Elle se saisit brusquement de l’objet qui oscillait mollement devant ses petits yeux. Une montre magnifique, à gousset argenté. Elle entendait distinctement le doux bruit du mécanisme… Ses yeux brillaient… Elle lâcha la prise sur son bras, laissant son vêtement tout froissé là où elle avait serré. Elle se jeta dans les bras de la jeune femme.

Vous allez me guider… vers le couloir…

"Haha… Je cherche quelqu’un… C’est pas vous… Je crois pas… Je veux un couloir qui ne finirait pas… Allez-vous-en."

Ciel regarda pendant quelques secondes la jeune fille avant de lever sa tête vers le ciel. Si Pax essayait de dire quelques mots pour la distraire et partir loin d'ici mais vu son rire très...faux, elle n'y pensa plus. Cela faisait maintenant longtemps qu'elle était arrivée ici, elle ne le savait pas précisément mais elle en avait une idée assez approximative. Chaque nouvelles personnes, chaque nouveaux habitants, le caractère de chaque être était diablement opposé mais donnait un certain ton à ce monde imaginaire mais qui est bien réelle en oubliant toute sorte de rationalisme, le monde de la reine Alice. Tout simplement. En y repensant, elle avait déjà accepter une fois le même boulot sauf que c'était il y a bien longtemps, enfin bref ! Ciel observa tranquillement Pax, la fixant dans les yeux pour déchiffrer ses émotions et son état actuelle, elle l'observa donc et elle y vit très claire, trop claire peut être. Ciel préféra se détourner d'elle pendant quelques instants, sa montre à la main tout en respirant profondément avec son air avide. Pax semblait s'en fichait de sa tenue actuelle et Ciel se garda du moindre commentaire même si elle n'en faisait que rarement, seulement quand c'était nécessaire. Elle fit quelques pas en arrière puis s'assit sur l'herbe, proche du trou sans fin qu'était le terrier et frotta légèrement sa montre :

"En êtes-vous certaine ? Ce n'est pas très polie Mademoiselle..."

Ciel prit ses genoux et les blottit contre sa poitrine en silence, laissant ses cheveux vert pomme virevoltaient dans le vent, ce n'était pas gênant pour elle qui y est habituée. Pax semblait gênait vu la manière dont elle la regardait puis un vent s'installa entre la fille et la Yokai. Ses yeux l'effrayaient autant que ça ! Bizarre. Elle leva sa tête vers Pax qui bizarrement commençait à exerçait une pression effroyable et volontaire sur son bras gauche puis, elle lui prit sa montre se qui surprit la jeune Yokai et la fit lever avec un air tout à fait normal. Encore un souvenir ? Il y avait beaucoup de chances que cela arrive quand un individu arrive ici, même elle... La jeune fille regarda Pax avec sa montre dans la main tout en frissonnant puis elle sursauta quand Pax se plongea dans ses bras, elle était à bout ?

"Vous allez me guider… vers le couloir…"

Ce geste surprit Ciel qui ne s'attendait pas du tout à ça de la part de son interlocutrice puis elle poussa un soupir à la fois doux et léger puis frotta doucement la tête de la jeune fille avant d'entourer ses bras contre sa taille, laissant sa montre dans la main de Pax dont la petite chainette trainait dans l'air. Au bout d'un certain temps, elle lâcha la prise et lui sourit tristement avant de brusquement la porter contre et de commencer à marcher silencieusement sans faire trop attention à la jeune puis elle prit brièvement la montre de main avant de l'ouvrir et de la reposait dans sa main laissant échapper une douce berceuse.

"Vous semblez être fatiguer à cause de tout ça..."

Puis sans un mot, elle déposa Pax sur la terre ferme puis elle se rallongea dans l'herbe toute proche du terrier du Lapin observant les mouvements circulaires des nuages dans le ciel. Ce "couloir"... Elle ne le voyait peut être pas mais à travers les yeux de Pax, elle savait que ce couloir sans fin se trouvait ici, plus près qu'elle ne le pensait...

Pax accentua son étreinte tandis que l’inconnue la portait hors du lieu aux montres… La lueur vive extérieure la fit grimacer et elle porta la petite montre contre son oreille, écoutant avec un mélange de délice et de dégout le tic tac incessant de l’objet…

*1,2,3,4,1,2,3,4… ah non… non c’est pas comme ça… il faut compter jusqu’à soixante et recommencer…*

Ce temps des secondes et de la répétition… Cela l’apaisait… Elle avait envie de dormir… Etrange, vu qu’elle dormait déjà là haut… Elle ferma les yeux un instant, bercée par le pas cadencé de la jeune femme. Et elle constatait à peine que la montre lui avait été reprise qu’une mélodie acheva de la calmer et de l’enfoncer dans sa torpeur. On allait l’emmener au couloir… Et elle n’aurait plus qu’à courir sans cesse, sans jamais atteindre son but…le supplice de Sisyphe lui semblait être une bénédiction… Ne jamais atteindre son but pour ne pas penser…
Pax se sentie soudainement en sécurité…

Vous semblez être fatiguée à cause de tout ça...

Le contact du sol la fit sortir de son état apathique. Elles s’arrêtaient déjà ?... Ses yeux vides se tournèrent vers la longue tignasse verte qui s’étendait avec souplesse dans l’herbe, se fondant presque avec. C’est vrai qu’elle était très belle…

Non ! Amenez-moi au couloir ! Je dois retrouver le couloir ! Je… dois… voir… le… Lapin…

Pax suffoquait. Ce petit être lunatique, instable, fasciné par l’incarnation de sa propre folie regardait les alentours, désespéré… Elle sauta brusquement sur ses jambes pour s’effondrer presque immédiatement…

Hahaha ! Vous m’avez mentie ! c’est pas bien ça ! pas bien du tout !

Elle riait comme une enfant à la voix enrouée… Son corps enchaîna plusieurs poses étranges, comme si la petite tentait délibérément de se disloquer les doigts, les jambes, le coup… Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, lui donnant un air pathétique et effrayant.

Vous avez pas le droit de mentir ! pas ici ! PAS ICI !

Pax fixa la jeune fille avec une peur non dissimulée à présent. Elle savait ce qu’elle lui rappelait… Et cela n’avait rien de bon… Est-ce qu’elle verrait Anie en toutes les personnes qu’elle croiserait ?... Pax bondit sur la jeune femme, mais ce n’était plus de l’affection ou de l'admiration à présent. Il fallait qu’elle s’en aille…! D’une manière ou d’une autre…!

Ciel avait fini par revenir à sa position initial mais dans un lieu différent par rapport à l'autre, tout prêt du Terrier du lapin Blanc. Elle ne pensa plus à rien pendant quelques secondes puis elle soupira une fois silencieusement afin que personne ne l'entende. C'est la première fois qu'elle abandonne une nouvelle venue ici, dans le monde de la reine Alice. Bizarre, mais il semblait pour elle que cette fille, Pax, n'était pas une fille docile. Après tout, c'était normal on était dans un monde crée grâce à la folie d'Alice même Ciel en était une, de folle mais pas à chaque instant.. Elle avait apprit à rester calme et de ne pas s'enfoncer dans ce monde, déjà que sa propre situation semblait énervante depuis qu'elle était directement liée au Émissaire mentalement alors que physiquement, on a l'impression qu'elle s'en fiche complètement. Ciel a toujours été comme ça et elle ne changera pas, enfin, il y a peu de chance depuis qu'elle est devenue cette chose... Ce yokai au service des Émissaires satisfaisant leurs moindres caprices. De plus, elle ne pouvait pas briser les "chaines" qui les lit avec eux car il semblerait qu'ils soivent incassables et indéniables.

Cette fille, Pax... Une folle...Et une folle de plus dans ce monde, c'était vraiment exaspérant mais évidemment, il fallait si faire, ce n'était pas de sa faute si elle a été choisit... Allongeait dans l'herbe, Ciel observa tranquillement les nuages dans leurs mouvements sans se soucier de Pax même si elle semblait dangereuse.

"Hahaha ! Vous m’avez mentie ! c’est pas bien ça ! pas bien du tout !"

Ciel ne bougea aucunement la tête et garda son air de "je-m'en-foutiste", la tête en l'air. Elle était plus folle que Ciel l'imaginait, elle avait surement des tas d'hallucinations et cela ne sembler pas s'arrêter. Agacée, Ciel se releva brusquement et se plaça face à elle, énervée qu'on lui ait gâcher sa journée.

"Tu sais, j'ai le droit de mentir ici, et je ne vois pas ton droit de me l'interdire."

Et Pax continua avec son rire enfantin et laissa libre place à son imagination et sa folie. Il était rare que la jeune Yokai s'énerve et généralement, cela finissait toujours mal. Elle serait ses poings puis lui donna deux claques ! Une à la joue gauche et l'autre à la joue droite et là Ciel, explosa.

"Bon ça suffit ! Tu vas arrêter de t'imaginer des trucs, ok ?! Tu délires, tu délires ! Va falloir que tu te réveilles et qu'on en finisse avec ça !"

Ciel se laissa tomber toute essouffler puis posa son bras sur ses yeux, respirant bruyamment.

Belle créature. Image utopique. Splendide espoir qu’elle lui donne. Par ses sourires, sa peau, son souffle, son regard qui la percute, son cœur s’arrête, redémarre, elle lui lance le regard le plus remplis d’espoir du monde. Elle la maintient sur le fil fin de l’existence. Et comme elle s’y accroche la petite ! Ses ongles transpercent déjà délicieusement son point d’accroche… Sa respiration devient saccadée…

1, 2, 2, 3

Sa peau s’humidifie, elle frissonne, l’excitation la gagne. Elle s’accroche avec ferveur.
C’est un prédateur. Un loup.
C’est une pauvre petite créature sans défense et elle demande grâce. Elle s’endort comme une enfant. C’est une enfant, on le sait. Et la petite serre son être contre un corps. Un corps chaud qui lui murmure une douce mélodie. La serre contre elle comme une promesse de protection. La petite comprend, elle y croit. Avec ferveur. C’est une attache. Si elle n’y croit pas ça s’en ira…

2, 3, 3, 4

Le rythme s’accélère encore, ses doigts parcourent son dos et l’enserrent doucement. Elle s’agite et ne bouge plus. Encore quelques pas… Les secondes s’évaporent rapidement mais quelles sont-elles pour décider cela ? Disparaissez aiguilles stupides. Comme je vous aime. Comme je vous hais.

3, 4, 4, 5

Un tintement délicat. Amère. Fluet. Léger. Subtile. Gracile. Raffiné. Un immonde cloaque de souvenirs. Elle vacille. Ses mains agrippent du vide. L’adorable promesse disparaît. Elle suffoque. Son pou accélère et doucement, très doucement, elle s’enfonce dans ce lieu immonde d’incertitude, de peur et de douleur. Elle se fera du mal alors… c’est certain… il faut agir, vite ! Plus vite !

4, 5, 5, 6

Ses ongles viennent ouvrir sa propre peau. La petite ne fait plus confiance. Le sol est froid. Ses mains sont glacées et elle cris sans pouvoir même se faire entendre.

Cris donc encore un peu tu veux bien ?... C’est joli…

Cela devient grisant. La douleur s’intensifie jusqu’à devenir une partie d’elle-même. Elle la dévore, la ronge. Un dédale de petits sentiers, chacun menant vers une folie désaxée, tordue, détraquée. Une démence dévoilée au travers d’un voile fin, noir. Des yeux rouges la fixent. Elle est une bête à charogne. Une vulgaire carcasse. Son corps s’évapore. Plus de contact physique possible avec le monde…

*Anie…*

Les larmes coulent. Empruntant les chemins sinueux de sa chair, de ses pores.

5, 6, 6, 7

Ses mains finissent leur course et viennent amoureusement enserrer le coup fin de cette personne qu’elle adulait, un instant plus tôt.

*Disparaît !*

Bon ça suffit ! Tu vas arrêter de t'imaginer des trucs, ok ?! Tu délires, tu délires ! Va falloir que tu te réveilles et qu'on en finisse avec ça !

7, 6, 5, 4, 3, 2, 1…0

Pax ouvrit de grands yeux effarés. Elle était sur le point de faire quoi ? Pourquoi cette sensation ne lui était pas familière ? Elle s’éloigna avec une rapidité époustouflante de la jeune femme aux cheveux verts… Les yeux écarquillés. Ses bras vinrent se placer devant ses yeux. La jeune femme était allongée. Laissant son corps à l’abandon dans un signe de fatigue.
Pax s’était littéralement transformée. Son air terrifié et la position singulière que son petit corps avait pris lui donnait une allure étrange et dérangeante… Un enfant apeuré. En la regardant de plus près elle était vraiment mignonne… Les larmes qui couvraient son visage en auraient attendris plus d’un…

Je- suis- désolée- je- non- amenez-moi juste au Lapin- quelqu’un qui puisse m’empêcher de me rappeler…

La petite passa nerveusement une main dans ses cheveux, achevant de les ébouriffer. Elle hoquetait.

S’il vous- plaît…

Pax leva les yeux. Elle avait cessé de pleurer et tentait tant bien que mal de se donner une contenance. Ses grands yeux noirs plongèrent sans la moindre gène dans ceux de la belle jeune femme…

Mon nom est Pax. Mais cela, vous semblez déjà le savoir. J’ai tué toute ma famille là haut, afin de rester ici. Je veux rencontrer Le Lapin Blanc. Ce doit être lui qui règne en ces lieux n’est-ce pas ?

Ciel se frotta la tête rapidement pour se détendre un peu, cette fille était plus folle que prévue mais changeait d'humeur à tout instant. Une fille bien étrange mais assez mignonne qui ressemble à ses filles naïves et innocentes. Innocente ? Elle ? Elle était calme puis elle devenait suffisamment folle pour se perdre dans sa propre tête. Qui est-elle ? Qui suis-je ? Et puis après, pleins de souvenirs aspergent votre cerveau enfin ça se passe toujours ainsi quand on arrive dans le Royaume d'Alice. C'est irréfutable, même Ciel d'ailleurs... Ciel ferma les yeux pour se détendre un peu mieux et la sombre mélodie figura dans cette bulle, une Ciel souriante chantonnant et tourbillonnant dans le vent. La vraie Ciel si elle n'aurait jamais eu cette vie, un sourire amusait aux lèvres...mais c'est trop tard désormais, ce dit-elle souvent en essayant d'oublier ses vieux souvenirs. Chaque nuit, une bride apparaissait, une malédiction pour tourbillonner encore et encore dans le vent de la peur et de la tristesse, le cauchemar quoi ! Dans sa bulle, Ciel sautillait dans l'herbe et riait d'une voix cristalline et pure, une vraie poupée ! Ciel rouvrit les yeux, un air las puis s'assit sur l'herbe et colla ses genoux contre sa poitrine se laissant bercer en silence et oubliant distraitement Pax. Elle respira profondément puis soudain, la scène du suicide de son frère, en sursaut, elle se secoua violemment la tête puis prit sa tête entre ses mains et se laissa tomber sur le sol tendre en position de fœtus, voulant le silence. Un silence profond. La paix était interdit ici mais malgré ça, on dirait que la tempête était passée depuis longtemps... Puis, Ciel se rassit brusquement les yeux écarquillaient inspirant la folie puis un léger sourire se dessina sur ses lèvres, puis la routine. La pitié ? Qu'est-ce ? Et qui est cette fille qui est en train de tourbillonner sur elle même ? Puis elle vit Pax pleurait, intriguant et désespérant... Mais elle finit par souffler avec son air las et fatigué.

"Idiote... Tu es trop faible pour le moment."

C'était la pure vérité, pourtant, elle finit par regarder la jeune humaine dans les yeux, désintéressée puis se releva pour se figurer face à elle, avec son habituelle regard fort et envoûtant. Ciel regarda Pax pleurait et passer sa main sur ses cheveux emmêlés, mignon... Elle continua de lui parler ses pleurs et se présenta également même si Ciel connaissait déjà son prénom. Puis elle finit par dire son nom à la nouvelle :

"Ciel..."

Ciel détourna son regard, gênée tandis que Pax lui demandait la raison de sa présence ici, à la place du Lapin.

"Le lapin ? Comme il était trop occupé, il m'a envoyé à sa place... Mais si vous voulez le voir en personne, je peux partir. Sa ne me dérangera pas...."

Et à ses mots, elle se retourna, de dos face à la fillette.

La petite était déconcertée. Le Lapin n’avait pas daigné apparaître auprès d’elle. Après toutes ces promesses d’une joyeuse course poursuite. Ses doigts vinrent se tordre frénétiquement dans son dos et son regard se fit soudain plus dur. Mais sa réflexion fut arrêtée. C’était bien ? Oui probablement mieux qu’elle s’arrête… Ses yeux suivirent la jolie courbe fœtale que prenait à présent le corps de la belle inconnue. Elle pencha la tête en avant, fit un pas sur le côté pour mieux voir.

Vous avez mal quelque part ?

Une question simple. Quand on se tient comme ça, c’est qu’on doit avoir mal… Pax cligna des yeux. Elle avait mal aux doigts maintenant… Un peu plus et ils auraient pu casser probablement. Elle plaça ses mains devant ses yeux, contemplant les jointures de ses doigts devenues bleues.

Peut-être que ce n’est pas ça… Je sais qu’il y a pleins de sorte de douleurs…

Elle tendit une main hésitante vers la jeune femme mais celle-ci revint très vite sur sa décision et Pax se contenta de regarder tristement. Encore des larmes. Un corps souffrant la faisait pleurer ? Oui, normal…

"Idiote... Tu es trop faible pour le moment."

Pax leva les yeux. La jeune femme s’était déjà relevée. Un air de désolation flotta dans son regard. Elle était faible. Forte. L’un ou l’autre, qu’importe… Elle détourna le regard. Elle n’était pas gênée du reproche. Elle ne savait pas comment réagir face à cette remarque c’est tout.

Ciel…

Pax eut un vague sourire. Elle s’appelait Ciel… ? C’est joli. Plus joli que Pax en tout cas. Son regard se perdit de nouveau. Peut-être la fatigue maintenant… Le Lapin avait des indisponibilités. C’est pour ça qu’il n’est pas venu la chercher… Un grand sourire vint remplacer son air rêveur.

Non, je veux que vous restiez ! C’est parce qu’il veut jouer qu’il n’est pas venu tout de suite ! Sinon, ce serait trop facile ! Donc, vous devez me donner un indice pour que je le trouve !

La petite était surexcitée à présent. Elle tournoya sur elle-même avant de saisir les mains de Ciel, l’entrainant sur l’herbe avec toujours ce rire faux. Assez vite calmée par la douleur que lui infligeaient ses mains. Son beau sourire restant néanmoins.

Je vais vous dire, si vous me donner cet indice je vous accorderai la faveur que vous me demanderez.

L’enfant d’il y a un instant disparue de nouveau pour laisser place à autre chose. Pax fixait Ciel de ses grands yeux noirs, se cheveux fins tombant avec une adorable maladresse sur sa figure, la pâleur de sa peau ponctuée par l’étrange couleur bleue de ses doigts lui donnant un air fragile. C’était une femme sous ses airs d’enfant. Ou peut-être une bonne comédienne.

Si vous ne souhaitez rien de cela, ce sera bien dommage car c’est là tout ce que je peux vous proposer. Je vous laisse décider… Ciel.